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Ô cameroun !
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18 février 2016

Nos langues maternelles en danger

 

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Le petit Maxime Aboui, neuf ans, a vécu un profond désarroi tout au long de la Semaine nationale de la Jeunesse. Engagé dans un club au sein de son école, il s’était enregistré pour prendre part aux activités culturelles. Son choix s’était porté sur les danses patrimoniales et la pratique des langues du terroir.

 C’est donc tout joyeux, les yeux brillants, qu’il a débarqué à la maison le 1er février dernier, espérant être coaché par sa mère. Réaction de cette dernière : « Désolée Maxime, tu ne peux pas maîtriser l’éton, avec ses contes, proverbes, chants et danses en l’espace d’une semaine. Il te faut simplement prendre la résolution, dès à présent, de t’intéresser davantage à ta langue maternelle. Ainsi, tu pourras participer à ce jeu-concours l’année prochaine ». Ses recours à ses grands-parents, oncles et tantes maîtrisant cette langue n’ont pas porté plus de succès. Pour l’aider, résolution a été prise de ne s’adresser désormais à lui qu’en éton, pendant les activités familiales.

Sur les quelque 7000 langues parlées dans le monde, environ 280 sont parlées sur le seul territoire du Cameroun. Ce qui fait du pays l’un des plus denses en matière de langues vivantes. Mais seuls le français et l'anglais, les deux langues officielles, disposent d'un statut légal défini par la Constitution et sont utilisées dans l'enseignement et la vie courante.

Du coup, le cas du jeune Maxime Aboui n’est pas du tout isolé dans la sphère linguistique camerounaise. De l’avis de certains experts, si des dispositions précises ne sont pas prises, la moitié des langues locales disparaîtra à la prochaine génération. En effet, aux confins de certaines régions, plusieurs langues ne sont parlées que par une communauté de quelques centaines, voire quelques dizaines de personnes. Des langages voués à disparaître avec leurs derniers locuteurs, au détriment de la richesse culturelle et linguistique du globe.

Selon l’Unesco, à l’initiative de laquelle la Journée internationale de la langue maternelle se célèbre chaque 21 février depuis l’an 2000, près de 4% des langues ont disparu depuis 1950 et près de 40 % sont considérées comme menacées d’extinction pure et simple. Dans moins de 100 ans, on estime que 500 à 3000 langues seulement survivront à ce phénomène de disparition qui s’accélère de jour en jour. On considère qu’une langue est en danger quand ses locuteurs cessent de la pratiquer, la réservent à des domaines restreints ou disparaissent sans l’inculquer à leurs descendants.

« La difficulté aujourd’hui est que nombre de familles, en zone urbaine, baignent dans les langues officielles héritées de la colonisation. Donc, à la maison on parle régulièrement français ou anglais aux enfants. Même les grands-parents, au village qui représentaient le socle de la transmission de la langue maternelle, sont plutôt en train de fournir de grands efforts pour échanger dans les langues officielles avec leurs petits-enfants. Du coup, on trouve difficilement des puristes aujourd’hui qui vous parlent une langue locale sans y ajouter des mots de français ou d’anglais », explique un chercheur.

Des actions sont entreprises par les autorités camerounaises, l’UNESCO, des ONG et des associations culturelles ou religieuses pour sauvegarder les langues locales, en encourageant notamment leur enseignement. Ainsi, la Journée internationale célébrée chaque année vise à promouvoir la diversité linguistique et culturelle. La date du 21 février a été choisie en hommage aux étudiants tués par la police à Dacca (aujourd'hui la capitale du Bangladesh) alors qu'ils manifestaient pour que leur langue maternelle, le bengali, soit déclarée deuxième langue nationale du Pakistan de l'époque.

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M
éveil tardif des consciences, nous allons droit au mur. Le sous-développement mental en œuvre dans notre pays nous conduit à notre perte. Il faut que les associations se mobilisent, que les chefferies emboitent le pas afin que dans nos quartiers nous ayons des personnes référentes pour vulgariser le parler local. N'attendons pas le 21 février, impulsons plutôt une vraie dynamique dans nos espaces de vie et dans l'espace public pour nous réapproprier nos langues.
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