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Ô cameroun !
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14 octobre 2017

Joël Embiid, avant 'The Process'

par: Alejandro Gaitán - Traduit de l'espagnol par Guy everard Mbarga 

embiid

Sur la liste des pays les plus pauvres du monde, le Cameroun apparait à la 36ème place en partant de la queue, même s'il a gagné plus de 20 positions au cours des 5 dernières années. Pire encore, il occupe également une des dernières positions en terme de développement humain, avec 0.518 points (sur un maximum de 1). Pour mettre cela en contexte, la ponctuation de l'Espagne est de 0.884, loin derrière des 0.949 de la Norvège, premier dans ce classement. Grandir au Cameroun, c'est pas facile: le taux de mortalité des bébés dépasse 55.8‰ et chez les adultes, il frôle les 10‰. Par conséquent, l'espérance de vie tourne autour de 60 ans. Et malgré cela,  Joël Embiid y est parvenu. Même si pour lui, les choses ont été plus facile que pour les autres.

Fils de militaire, il a eu un niveau de vie bien au dessus de la moyenne camerounaise à son plus jeune âge. Son père, le colonel Thomas Embiid a toujours pris soin de son enfant. “Joël n'a jamais manqué de rien. Il y a toujours eu à manger sur la table et de quoi se vêtir. Le système scolaire était supérieure à la moyenne et il n'a jamais eu de problèmes. C'était un bon environnement, une bonne situation pour grandir“, affirme son père. Une enfance tranquile et un rêve à réaliser. “Il n y a pas eu de tristesse. C'Était une grande opportunité pour mon fils d'aller aux États-Unis, pour s'établir. Mais j'ai continué à insister sur le fait qu'il devait concilier son éducation avec le sport“. Et c'est ce qu'il a fait.

 Ce fut fulgurant et indolore, mais les débuts n'ont pas été, loin de là, ce que Embiid imaginait. À 16 ans, Joël décida de quitter son Yaoundé natal pour la Floride, à la Montverde Academy précisément. Il y retrouva Dakari Johnson, Patricio Garino, Michael Frazier ou encore le très jeune D’Angelo Russell, mais par manque d'expérience, et de minutes de jeu et à cause de problèmes de langues, il décida de demander un transfert, toujours en Floride, en direction de The Rock School, à Gainesville. Un an plus tard, Ben Simmons, actuel coéquipier d'Embiid, arrivait à Montverde.

LES ÉTATS-UNIS ET HAKEEM OLAJUWON

Pourquoi la Floride? Pourquoi Montverde? Faisons un retour dans le temps. Joël Embiid (16 Mars 1994, Yaoundé) savait depuis tout petit qu'il allait devenir une star. Le plan était clair : s'entrainer, s'entrainer dur chaque jour et quitter le Cameroun pour l'Europe et devenir une légende du Volley-Ball. C'est bien ça, Joël Embiid a d'abord fait du Volley-Ball. Pour Tim Duncan c'était dans une piscine, Danny Ainge à la batte et Joël Embiid sur un terrain de Volley-Ball. C'était en 2009, les Lakers remportaient leur 15ème anneau sous l'impulsion de Kobe et PauLeBron James débutait son règne avec son premier MVP et l'Espagne se promenait devant la Serbie pour enfin obtenir un Eurobasket. Et à cette époque, Joël Embiid n'avait toujours pas goûté au miel du basket-ball.

C'est une vidéo qui a totalement changé sa vie. Son rêve, celui de triompher en Europe sur un terrain de Volley-Ball, c'était le passé ; à 15 ans, il avait un nouvel objectif: devenir le meilleur joueur de basket-ball au monde. Même si son père était contre, et avec seulement le soutien de son oncle, Embiid passa du filet au panier, et ce fut son premier entraineur qui lui offrit un cadeau qui perdure encore aujourd'hui : une cassette des meilleures actions de jeu d'Hakeem Olajuwon. Nigérian, Hakeem avait émigré aux États-Unis à 17 ans et domina la NBA durant une longue décennie. Un miroir, une chimère, une aspiration.

 

Chaque soir, avant de se coucher et après chaque entrainement, Jojo revisait la vidéo. Il mémorisait chaque pas, chaque mouvement de pied, chaque tir, chaque retour en défense. Il découvrit l'essence du basket-ball, la beauté d'un intérieur pur comme Hakeem et les fondamentaux, si complexes à voir dans la NBA actuelle, comme ressource de base. Jour après jour, il ajoutait des armes à un arsenal qui grandissait sans entrevoir une limite de capacité. Et si Olajuwon fut la première grande figure, en 2010 allait apparaitre une deuxième. À 16 ans, et devenu aficionado au basket-ball, il fut impressionné par les finales de Kobe Bryant face aux Celtics de 2010, la dernière année pourpre jusqu'à présent. Avec Hakeem et Kobe, il comptait désormais deux références. Il en manquait une troisième.

L'INFLUENCE DE LUC MBAH A MOUTE

C'est à ce moment que le personnage Luc Mbah A moute entra dans sa vie. Également originaire du Cameroun, précisément de Yaoundé, l'actuel joueur des Rockets et à l'époque titulaire à l'UCLA initia un projet autour du Basket-ball visant à stimuler ce sport, très minoritaire partout au Cameroun. En 2011, et comme joueur de Lycée de Gainesville, Embiid acude al Luc Mbah a Moute Basketball Camp avec ses 210 centimètres et tout le potentiel pour devenir une star. Un diamant à polir avec juste une année de basket-ball dans les pieds.

Luc devint son counselor, le conseiller externe. Il fut le premier à lui recommander de partir aux États-unis et qui l'aida à intégrer Montverde, l'alma mater de Mbah a Moute et l'une des meilleures high-schools aux États-Unis. Le niveau était tellement élevé qu'Embiid dut s'enfuir pour trouver des minutes de jeu. Avec Kevin Boyle comme entraîneur et des coéquipiers omme Dakari Johnson, le début fut pénible : “La première fois qu' Embiid a joué au basket-ball aux États-Unis, ses coéquipiers du high-school se sont moqués de lui. Lors du même match, une passe venue de l'arrière lui frappa le ventre, il trébucha et tomba en sortant d'un bloc et le ballon frappa son pied alors qu'il tentait un dribble “, écrit Jason Kingen Bleacher Report.

À la fin de l'entrainement, et avec une équipe entière de Montverde encore en pleine rigolade, Boyle les rassembla au centre du terrain : “Riez autant que vous pouvez, mais dans cinq ans, vous allez lui demander de vous faire un prêt, parce qu'il vaudra 50 millions. Vous ne vous imaginez même pas à quel point il sera bon ce gars” . Et il n'était pas si loin de la vérité : l'été suivant, Embiid signera sa première prolongation et si ses genoux le permettent,  50 millions ne constitueront qu'une petite partie de son nouveau contrat avec les Sixers (NOTE : Embiid a signé pour 125 millions le 10 octobre, 8 jours après la parution de cet article ). Tout part du fameux  ‘The Process’, mais nous n'en sommes pas encore là.

À ses côtés, par chance, il a trouvé deux soutiens autant précieux que nécessaires dans sa progression. Arriver sans pratiquement parler anglais en Floride était un problème, mais il se retouva dans les vestiaires avec deux joueurs également d'origine camerounaise : Roger Moute et Landry Nnoko. De sa seule année à Montverde, il se souvient d’Angelo qui parlait toujours avec des paroles de Rick Ross, un rapper de la Floride et de Kasey Hill, le meneur titualire, pour les bagarres à chaque entrainement avec Dakari Johnson: “L'entraineur Boyle devait toujours les séparer. Ils se faisaient des fautes, se bousculaient, se donnaient des coups de coudes... JoJo est un gars joyeux, toujours très sympatique, mais sur le terrain, il ne va pas se laisser pousser un centimètre“.

THE ROCK: UNE VEDETTE NATIONALE

Quitter Montverde pour The Rock, une école privée au nord de la Floride, fut la bonne décision dans la progression d'Embiid. Avec moins de concurrence dans l'équipe, connaissant mieux le basket américain et la langue en plus d'une année supplémetaire d'expérience, Joel se transforma en un véritable prospect real, un projet de joueur de basket-ball. Embiid mena The Rock jusqu'en finale du championnat de l'État avec un bilan final de 33-4 et une moyenne de 13 points, 9,8 rebonds et 1,9 passes par match. Il marqua 10 points en finale et récupéra 14 rebonbds, signant ainsi le premier titre de la Southern Intercollegiate Athletic Association pour The Rock. Et l'intérêt des universités arriva.

D'abord Texas, les Gators de Billy Donovan plus tard et Kansas furent les universités qui cherchèrent le plus à récupérer Embiid, mais pas les seules: Joel reçut jusqu'à 13 offres Joel. La Floride comptait sur le facteur local, Joel jouait des pick-up games avec des joeurs des Gators; au Texas, Embiid tomba amoureux de la ville d'Austin. Mais Bill Self détenait un as dans sa manche. La visite officielle au Kansas se déroula la semaine de la Late Night in the Phog, avec 16.300 personnes qui remplissaient l'Allan Fieldhouse. “C'était fou” affirme Joel. Virginia et Marquette constituèrent les dernières visites, mais la décision finale allait se faire entre les trois grands.

 Pour prendre la décision finale,  Embiid a rédigé une liste des pour et des contre au sujet des trois universités, mais ce furent les conseils de Mbah a Moute et de différentes personnalités de la NBA qui avaient parlé avec ses entraineurs de The Rock qui décantèrent la balance. Voici ce que disait de lui Bill Self quelques jours avant la décision finale: “Ce gamin peut devenir #1 du draft. Il court, a un bon jeu de pieds, il a un bon toucher... il est incroyable. Il deviendra le meilleur intérieur que nous ayions jamais formé si nous réussissons à l'avoir. Oubliez tous ceux que nous avons vu jusqu'à présent, c'est Joel que nous devons obtenir. On doit avoir Embiid.” L'idée était de l'associer avec Wiggins, possible #1 du draft suivant, Frank Mason III et Selden Jr.

Bien sûr, ils l'obtinrent. L'université du Kansas était celle qui pouvait le mieux préparer Embiid à devenir professionnel, pour l'étape suivante : par expérience, parce qu'ils l'avaient fait auparavant avec ChamberlainJo Jo White ou même Paul Pierce. La décision était prise et Coach Self était, pour quelques jours, la personne la plus heureuse sur la terre. Le monde du basket-ball allait faire connaissance avec Joel Embiid, 113 kilos, et 2,13m. Le Embiid original, celui d'avant ses débuts à la NCAA… celui d'avant The Process. 

Source : CIA – The World Factbook, the Kansas University Sports, Sports Illustrated, ESPN, Bleacher Report.

 

https://www.solobasket.com/nba/joel-embiid-antes-de-process

 

 

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