Ahmadou Bouba, délégué du gouvernement Communauté urbaine de Garoua : « Les occupants avaient déjà reçu des compensations »
Qu’est-ce qui justifie les opérations de déguerpissement engagées ces derniers jours à Garoua ?
Ces opérations auraient dû être faites depuis les années 90. Roumde Adjia, c’est à la base un quartier qui a reçu les sinistrés des inondations de 1988. C’est un domaine privé de l’Etat. Mais un certain laxisme a permis que des gens s’incrustent, alors que l’Etat avait mis à la disposition de la commune des centaines d’hectares pour les recaser. Ce site a été loti au quartier Poukloukou (carrefour 8) et distribué à tous ces sinistrés, lesquels s’étaient engagés à quitter le site de Roumde Adjia une fois qu’ils auraient construit. Mais faute de suivi, ils ont plutôt revendu les parcelles destinées à leur recasement, pour s’installer définitivement à Roumde Adjia. Quand la CAN est arrivée, avec le gouvernement, on a fait le tour du stade principal, et constaté qu’il fallait une voie triomphante pour y accéder. Le stade Roumde Adjia est enclavé par un ilot de quartiers avec de petites ruelles. Le gouvernement a donc pensé, avec raison, qu’il fallait une desserte digne de ce nom, et cette voie a été identifiée. Cet itinéraire traverse le quartier Roumde Adjia. Il fallait donc en libérer les emprises. Des populations déguerpies disent n’avoir pas été averties à temps. Certaines affirment avoir été cassées alors qu’elles n’étaient pas au départ dans le périmètre à assainir… Depuis 2014 et l’obtention de la CAN par le Cameroun, il s’est posé ce problème de route. En 2015, un ministre de la République est venu à Garoua, on a fait le tour et identifié les différentes routes qui mènent au stade. C’était toutes des pistes de quartier. Le ministre a pensé qu’il faut non seulement des routes dignes des hôtes de marque qui viendront voir les matchs, mais qui donnent un visage attrayant à la ville. Depuis 2016 au moins donc, tout le monde a été sensibilisé. Il n’y a pas d’autre route menant au stade. C’est la seule. Ces populations ont même fait l’objet d’un recensement, donc étaient toutes au courant. Il existe un seul titre foncier sur ce site, celui d’une boulangerie.
Ya-t-il des mesures d’accompagnement prévues pour les familles touchées ?
Je suis aussi sensible que vous à l’aspect social de ces opérations. Mais il ne faut pas oublier que d’un point de vue légal, il s’agit d’un site relevant du domaine privé de l’Etat. Pour prétendre à indemnisation, il faut déjà être en situation licite, ce qui n’est le cas pour personne en dehors du seul titre foncier évoqué plus haut. Par ailleurs, tous ceux venus dans le cadre des inondations 1988, avaient déjà reçu des compensations. Ce que je peux ajouter, c’est que si ces déguerpissements amènent quelques poignées de mécontents, la ville de Garoua dans son ensemble salue cette opération et soutient la CAN 2019, qui va d’ailleurs considérablement embellir la ville. Car il faut savoir qu’une fois la route ouverte, on ne va plus reconstruire les mêmes taudis autour. Ceux qui veulent faire des investissements pourront se rapprocher des autorités compétentes pour avoir du terrain de manière légale, et nous veillerons à ce que les constructions qui remplacent celles détruites, soient de standing et de qualité.