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29 juin 2018

Henri Eyebe Ayissi, Ministre de l’Agriculture et du Développement rural : « Des milliers de jeunes formés en 2017 »

Economie
Josy MAUGER | 28-06-2018 08:02

eyebe

Monsieur le ministre, l’agriculture est un secteur favorable à l’emploi. Malheureusement, on constate que les jeunes ne s’y intéressent pas beaucoup. Qu’est- ce qui explique cela ?

Je ne partage pas ce « constat » que vous semblez faire. L’agriculture a, de plus en plus, un attrait certain sur toutes les couches de la population. De nombreux jeunes ont été sensibles au discours du président de la République et ont fait le choix des formations agricoles pour devenir d’authentiques entrepreneurs agropastoraux. Aujourd’hui, on enregistre de nombreux succès jeunes dans le secteur, et cela se poursuit, parallèlement à la recherche des solutions aux diverses contraintes identifiées et à lever. Les statistiques existent, vous pouvez les consulter. Dans un contexte où la problématique du chômage des jeunes demeure au centre des préoccupations du gouvernement, la question de l’emploi est devenue, au fil des ans, un enjeu majeur pour la réduction de la pauvreté et de la précarité un pôle majeur de l’action du gouvernement de la République tout entier, et une condition essentielle pour la préservation de la cohésion et de la paix sociale. Le secteur agricole, au sens large, quant à lui, se présente toujours comme le plus grand gisement d’emplois au Cameroun. Il est cependant nécessaire et indispensable de veiller à la qualité de l’emploi offert aux jeunes dans ce secteur, pour éviter d’en faire uniquement des ouvriers au service des grandes sociétés industrielles.

Tout en œuvrant pour l’auto-emploi des jeunes par leur audace et leur esprit d’entreprise, qu’est-ce-que votre département ministériel fait concrètement pour attirer les jeunes ?

Notre action, à ce sujet, porte sur la promotion de l’entreprenariat agropastoral des jeunes. Le 27 juillet 2016, nous avons lancé à Yaoundé, les « Rencontres nationales de sensibilisation du MINADER avec les jeunes sur les dispositifs d’accompagnement mis en place par l’Etat et les formations professionnalisantes offertes aux jeunes entrepreneurs ruraux ». Cet événement d’une portée nationale s’est poursuivi et décliné en des rencontres régionales. La campagne que nous avons menée dans les 10 régions est une déclinaison, à l’intérieur du pays, des très hautes prescriptions du président de la République, Son Excellence Paul Biya, contenues dans son message à la jeunesse, le 10 février 2016. Le chef de l’Etat invitait alors les jeunes camerounais « à s’informer sur les nombreux programmes qui existent au niveau du Gouvernement pour soutenir le développement rural et de pouvoir en profiter ». Au lieu d’attendre que les jeunes viennent s’informer auprès de nos services à Yaoundé, nous avons choisi d’aller à leur rencontre, sur le terrain, pour porter la bonne information sur l’ensemble des dispositifs d’accompagnement qui existent dans le secteur qui est le nôtre, ainsi que sur les nombreuses opportunités de formations et d’auto-emploi professionnalisantes offertes par le gouvernement dans ce secteur. Je saisis l’occasion qui m’est ainsi offerte, pour lancer à nouveau un appel à tous les jeunes agriculteurs pour qu’ils se constituent, dans leurs localités, et activités respectives, en regroupement et en particulier, sociétés coopératives, conformes aux exigences de l’acte OHADA. Ils pourront ainsi, mieux bénéficier des dispositifs gouvernementaux existants.

Le problème de financement et d’accès à la terre sont les principaux freins au développement d’une agriculture de seconde génération au Cameroun. Quelles sont les actions entreprises dans ce sens ?

Concernant le financement, plusieurs établissements de microfinance sont implantés à travers le pays. Ils offrent des crédits, à des taux relativement bas, aux agriculteurs notamment les jeunes. Ces EMF constituent une solution et une opportunité  à saisir par les jeunes pour le financement de leurs microprojets. Par ailleurs, plusieurs ministères ont des programmes actifs, tant au niveau national que régional, visant à promouvoir l’activité économique en général et celle des jeunes en particulier. Au niveau du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, le Programme d’appui à l’Installation des jeunes agriculteurs contribue à la réduction du chômage des jeunes à travers l’appui aux jeunes installés sur leurs propres domaines fonciers et l’appui aux jeunes installés sur les sites viabilisés par l’Etat. 3 000 ha viennent d’être mis à la disposition des jeunes Camerounais pour l’exercice des activités agricoles dans la péninsule de Bakassi. Des jeunes dont le recrutement ira d’ailleurs au-delà de la presqu’île. 320 millions de F sont prévus pour  le financement de cette opération qui démarre, au cours du mois de juillet 2018.
Concernant l’accès à la terre des jeunes et plus largement les initiateurs de projets agricoles, le MINADER participe au chantier gouvernemental de l’adaptation du cadre juridique existant à l’exigence de la matérialisation de la politique de l’Agriculture de seconde génération lancée par le président de la République pendant le Comice agropastoral d’Ebolowa en 2011.

Le problème d’intrants agricoles et de semences de qualité se pose également dans ce domaine. Quelles solutions en vue ?

Dans ce domaine, il y a plutôt lieu de se féliciter des effets tangibles, issus des actions menées avec les autres administrations, sur la balance des paiements du Cameroun en 2016. En effet, le rapport du Comité technique national de la balance des paiements, publié en 2017, révèle que le déficit de cette balance a reculé grâce à la diminution des importations des céréales de -16% en valeur relative et 33 milliards de F en valeur absolue. C’est un gain réel qui émane principalement de la mise à disposition, au bénéfice des populations, des semences améliorées. En 2017, par exemple, concernant les céréales, 90 tonnes de semences de riz, 291 tonnes de semences certifiées de maïs ont été distribués aux producteurs. On devra s’attendre à un plus grand impact sur l’économie et une réduction des importations. Ici également, le Gouvernement s’emploie à améliorer les performances du dispositif existant.

De nombreux programmes ont été mis en place par les pouvoirs publics comme appuis dans ce secteur, mais sur le terrain, on ne les sent pas beaucoup. Qu’en est-il exactement ?

La réalité est que les projets et programmes opérationnels crées par le gouvernement, au niveau du Minader, avec l’appui de partenaires externes notamment, se mettent en œuvre progressivement, en raison d’une exigence d’appropriation par les différents intervenants publics et privés.
Dans le cadre de l’amélioration continue de la gouvernance et de l’appui institutionnel au secteur rural, nous avons mené, avec succès, des actions de préparation et de formulation des nouveaux projets. Il s’agit d’actions qui ont abouti à la mobilisation des financements internationaux, à travers les partenaires techniques et financiers du gouvernement. Le Projet de Développement des Chaînes de valeurs agricoles (PDC-VA) a ainsi été lancé le 14 avril 2017 à Yaoundé, avec l’appui de la Banque Africaine de Développement (BAD). C’est un projet transversal qui traduit la matérialisation concrète de la mise en œuvre de l’Agriculture de seconde génération. Il porte l’ambition et la volonté du gouvernement de faire mieux que produire, en intégrant la nécessité d’accompagner les producteurs dans le processus de transformation et de commercialisation de leur production, de façon à réaliser de la valeur ajoutée, afin de rendre meilleures leurs rémunérations et leurs conditions de vie. Ce projet est la vitrine du MINADER pour les années à venir. Toujours en 2017, nous avons procédé à la restructuration des Projets et Programmes opérationnels du MINADER à financement exclusif Budget d’Investissement Public (PIB), suite aux conclusions de l’audit organisationnel mené en 2016 auprès desdits projets et  programmes, dans l’optique de rechercher une amélioration de leurs performances et mieux répondre aux attentes respectives de l’Etat, des différents acteurs et intervenants dans les filières concernées. Ces projets ont été réduits à 14 et sont opérationnels.

Avez-vous l’impression que les objectifs assignés aux écoles agricoles sont atteints ?

Des écoles de formation aux métiers agropastoraux, sous la tutelle du MINADER et du MINEPIA, délivrent des diplômes d’entrepreneur agropastoral et de Conseiller agropastoral. Au cours de l’exercice 2017, plus de 3000 jeunes en situation post-primaire et 1800 techniciens supérieurs aux métiers agropastoraux ont été formés dans le cadre du Programme d’Appui à la rénovation et au développement de la Formation Professionnelle (AFOP). Il s’agit là de formations complémentaires aux formations offertes dans les écoles d’agriculture. Par ailleurs, il y’a les jeunes incubés qui sont en cours d’installation dans le cadre du Programme de promotion de l’entreprenariat agropastoral des jeunes (PEA-Jeunes) auxquels il faut ajouter 700 jeunes agriculteurs installés par le Programme d’Appui à l’Installation  des Jeunes Agriculteurs et des Personnes Vulnérables (PAIJA). D’une manière générale, la formation et l’insertion des jeunes dans les activités du secteur agricole constituent l’un des  axes  d’actions prioritaires au MINADER. Nous travaillons à consolider les acquis, tout en nous inspirant des expériences étrangères positives dans ce domaine.

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