Sécurité dans le golfe de Guinée: la Marine nationale en tête de file
| 30-05-2017 12:12
A travers une approche concertée, le Cameroun se positionne comme un acteur majeur.
ça bouge dans la marine camerounaise. La tournée régionale que viennent d’effectuer quatre navires de la flotte nationale dans quatre pays de la sous-région (Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Nigeria) à l’occasion de la fête de l’unité et dans le cadre de la campagne de promotion de l’architecture de sécurité maritime du golfe de Guinée aura permis aux experts et à l’opinion publique en général, d’apprécier les avancées accomplies à travers les nouvelles capacités de déploiement ou d’intervention de la Flotte nationale dans son premier rayon d’action. On ne saurait voir dans cette heureuse initiative décidée par le chef des armées, une simple démonstration de force. Pays épris de paix, le Cameroun veut certes marquer sa présence sur les eaux de la sous-région, tout en assurant la préservation des relations cordiales avec ses voisins, confrontés comme lui aux mêmes défis sécuritaires.
S’exprimant le 15 mai dernier au nom du ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, le chef d’état-major de la marine nationale, le contre-amiral Jean Mendoua, relevait à juste titre que « le Cameroun a accru au fil des années ses capacités de dissuasion et de réponse ». Cela s’est traduit au cours des dernières années par le lancement d’un important programme de développement des moyens opérationnels à travers l’acquisition des nouveaux équipements aussi bien au niveau de l’armement classique qu’à celui des bâtiments de surface. Cet effort soutenu a connu un aboutissement heureux avec la mise en service du Système de surveillance côtière (projet DEPEX) ainsi que l’entrée en service actif du patrouilleur de haute mer « Dipikar ».
Loin de montrer ses muscles, la Marine nationale s’est fait plutôt le devoir de mieux se faire connaître et pour cause. Longtemps méconnu parce que peu médiatisé, ce grand corps qui fait partie intégrante du dispositif camerounais de Défense, apparaît au grand jour comme une entité solide, bien pourvue en éléments triés sur le volet et d’arguments conséquents.
Lors des différentes escales effectuées à Bata, Calabar, Libreville et Pointe-Noire, la surprise voire l’ébahissement, étaient au rendez-vous, chez les membres de la communauté camerounaise qui sont montés à bord pour voir de plus près les équipements. Quand on sait que le déploiement des quatre patrouilleurs en mer pendant une dizaine de jours n’a entamé en rien les moyens dissuasifs du corps, alors on peut mieux apprécier les réelles capacités d’intervention de la Marine nationale.
Loin d’être isolées, les actions engagées jusqu’ici par le Cameroun s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie concertée entre Etats en vue de la mutualisation des forces et des moyens. C’est ainsi que de nombreux exercices en mer entre garde-côtes de plusieurs pays ont été menés à ce jour. Face aux menaces que constituent les actes de piraterie, le terrorisme, le trafic de stupéfiants, la pêche illicite, le trafic du pétrole brut ou le déversement de déchets toxiques en mer, les pays du golfe de Guinée ont fait de la sûreté et de la sécurité des priorités absolues. D’où la création de nombreuses structures à compétences extranationales, à l’instar du Centre régional de sécurité maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC) à Pointe-Noire et du Centre des opérations et de surveillance côtière (COSCO) de Douala. En abritant le siège du Centre interrégional de coordination (CIC), le Cameroun se trouve par la force des choses au centre du dispositif tactique et doit pour cela rester aux avant-postes. Avec pour finalité d’asseoir son rayonnement régional, de marquer davantage sa présence dans ses eaux territoriales et au-delà.