« Nous sommes aujourd’hui à la phase de stabilisation »
Colonel Venant Michel Fonkon, Commandant en second du secteur N°1 de la Force multinationale mixte.
Colonel, comment la Force multinationale mixte a-t-elle ramené la sérénité dans le bassin du lac Tchad jadis, fief des Boko Haram ?
Le concept d’opération de la Force multinationale mixte prévoyait dans un premier temps les opérations offensives puis la stabilisation et enfin la normalisation. Nous sommes aujourd’hui à la phase de la stabilisation qui a été rendue possible, grâce aux multiples opérations offensives. Dans le cadre de l’opération « Amni Fakat » qui nous concerne aujourd’hui, nous avons conduit les opérations dans la forêt de Sambissa, à Toubouna et toutes ces opérations ont fait que la paix et la sécurité sont en train de revenir. Vous pouvez le constater vous-même quand vous sillonnez ces zones. Il y a quatre ans, il n’était pas possible de mettre pied à Bargaram, Soueram ou même Bonderie, mais aujourd’hui, non seulement les populations qui avaient fui les exactions de Boko Haram sont revenues, mais les activités commerciales, agricoles et bien d’autres ont repris. C’est une preuve qu’un travail sérieux a été abattu par nos forces et elles continuent à le faire pour vaincre complètement et définitivement Boko Haram. A l’heure où je vous parle, des opérations de hautes factures sont en cours de part et d’autre de chaque pays membre du bassin du Lac Tchad. Le but à la fin est de dénicher les dernières poches, car nous sommes plus que jamais déterminés.
Après les combats offensifs, vous êtes sur le terrain sans armes mais avec des denrées alimentaires, comment comprendre cela ?
Effectivement. Il faut comprendre qu’on tend vers la normalisation. C’est pourquoi nous avons décidé de venir vers nos populations affligées pour les rassurer. Nous voulons aussi convaincre ceux qui sont encore réticents de revenir à la maison. Dans le cadre de l’opération « Amni Fakat », nous avons prévu des actions civilo-militaire et des opérations militaires d’influence. C’est pourquoi du 3 au 17 juin 2018, nous étions sur le terrain, dans les villages frontaliers qui ont été les plus touchés par la crise contre Boko Haram pour distribuer des vivres, des kits scolaires et des kits agricoles. Les actions civilo-militaires et les actions militaires d’influence sont des actions qui ont pour but d’influencer l’environnement opérationnel. Ces actions vont vers ceux qui sont encore réticents. Nous voulons influencer ceux qui sont encore dans le mauvais chemin et les amener à rentrer dans les rangs. Nous les attendons à bras ouverts. C’est pourquoi, partout où nous sommes passés, nous avons organisé des soirées récréatives durant lesquelles nous avons expliqué à la jeunesse que c’est elle qui construira le Cameroun de demain. Nous nous sommes rendus, tour à tour, dans les localités de Darak, d’Hilé Alifa, de Bargaram, de Gouma, de Soueram et de Bondéri. Et nous avons été émerveillés de constater que les jeunes comme les « Vieux » s’étaient fortement mobilisés et le message de paix et du vivre ensemble prêché a été bien reçu.