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Ô cameroun !
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30 avril 2017

Exploitation forestière illégale: Difficile bataille contre le blanchiment du bois à l’Est

Entre attribution disproportionnée des lettres de voiture, sciage illégal, corruption et complicités diverses, le combat est loin d’être terminé. 

 

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Une affaire de saisie illégale de bois débité dans la forêt communautaire de Tikondji, localité du département de la Kadéy, a connu son épilogue en fin d’année dernière à la Cour d’appel de l´Est à Bertoua. Aboubakar Yérima Alim, un exploitant forestier a assigné les responsables locaux du ministère des forêts et de la faune (Minfof) en justice, pour la restitution de son stock de bois régulièrement acquis dans cette forêt au titre légal. Des informations concordantes révèlent que « tout a commencé le 02 juin 2016, lors d’une descente de la délégation départementale du Minfof de la Kadéy qui, nuitamment allait blanchir le bois de deux camions chargés de bois débités ». Alors qu’Edou, le chef section des forêts de la délégation départementale des Forêts et de la Faune de la Kadéy s’attendait à voir les deux camions pour lesquels il venait authentifier le transport du bois, il s’est retrouvé face à un troisième appartenant en réalité à Aboubakar Yérima Alim, contrairement à Yaya Moussa « avec lequel il avait des antécédents », relatent nos sources. « Dans une colère noire », indiquent des témoins de la scène, « il a martelé ce stock de bois et exiger que son propriétaire le retrouve le lendemain à Batouri ». A son arrivée en forêt, Aboubakar Yérima constate qu’il y a eu erreur sur la personne et le bois. Il se rend néanmoins à la délégation départementale du Minfof de la Kadéy pour s’enquérir de la situation. Ici, il apprend qu’il n’avait pas payé « les frais de déclaration d’un montant de 150.000 francs Cfa » dont il doit s’acquitter sur place pour que « l’affaire soit étouffée ». Surpris, il ne cède pas à cette proposition aux relents de corruption. Pendant qu’il est empêtré dans ces micmacs à Batouri, le chef de brigade régionale de contrôle des forêts tombe sur l’affaire, alors qu’il n’était que de passage. C’est alors qu’il instruit le transfert de la cargaison de bois querellée à la délégation régionale du Minfof à Bertoua, où une fois de plus le refus catégorique d’Aboubakar Yérima de se plier aux « subterfuges dilatoires » qui lui sont proposés par les responsables locaux du Minfof va se compliquer. Il lui sera proposé en guise d’arrangement à l’amiable « le rachat de son bois à faible coût ». Devant ces manipulations peu orthodoxes de la loi forestière, l’homme choisit la voie des tribunaux pour rentrer dans ses droits.

 

Éclaircissements

 

Selon la législation forestière camerounaise théoriquement expliqué par un responsable du Minfof, « tout transport de bois s’effectue à l’aide d’un document de transport appelé lettre de voiture sur lequel est inscrit le volume, l’origine, le nom du transporteur et la destination du bois à transporter. Chaque titulaire d’un titre d’exploitation ou d’une société de transformation de bois voire d’un dépôt de bois (parc à bois) se voit délivrer ces documents en forme d’un carnet contenant chacun 20 lettres de voiture ». Ainsi, chaque lettre de voiture permet de transporter en moyenne 25m3 de bois, et chaque carnet de lettre de voiture contient 20 feuillets. Ce qui fait qu’un seul carnet peut servir à transporter jusqu’à 500m3 de bois au maximum. Une interprétation qui ne concorde pas avec celle d’Amadou Baba, un exploitant forestier de la région qui soutien que « les responsables du Minfof octroient habituellement à certains exploitants des lettres de voiture en nombre largement supérieur à la quantité des bois à transporter ». Avant d’ajouter qu’ « Il y a environ deux ans, un ami qui fait la même activité que moi et dont je tais le nom avait en sa possession 3 carnets de lettres de voiture, soit 60 feuillets, alors qu’il n’avait que 912m3 de bois à sortir de la forêt ».

 

Complicités

 

 « Généralement les agents du Minfof ne récupèrent pas auprès des exploitants les documents d’exploitation et de transport non utilisés au cours d’un exercice » explique cet exploitant forestier. En termes claires, les exploitants véreux les utilisent pour blanchir le bois illégalement exploités. D’autres exploitants forestiers rencontrés lors de notre enquête indiquent que cette activité est « couverte » par certains responsables du Minfof qui en tirent des revenus substantiels. Une complicité qui va grandissante au point où il est désormais difficile de lancer une opération de lutte contre ce fléau et obtenir des résultats probants. A la seule annonce d’une opération de contrôle, ces opérateurs véreux sont souvent prévenus par ceux même qui doivent mener la lutte. Et parfois lors des saisis, l’on retrouve souvent du bois martelé dans des zones ou aucun titre d’exploitation n’a été attribué à un exploitant. « Il y a des exploitants forestiers qui détiennent des carnets des lettres de voiture entièrement parafés. Alors qu’une lettre de voiture ne doit être visée par les responsables du Minfof, lorsqu’ils se sont bien assuré que le chargement est prêt, après avoir vérifié les différentes essences », déplore Olivier Bekolo, membre de la société civile. A l’Est, la demande vise généralement les essences comme le Sapelli, l’Iroko, le Doussié, l’Assamela, le Moabi, le Padouk.

Ange-Gabriel OLINGA B.

 

Bertoua.info

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