Guy Mouofo, drone-photographe : ''la photographie prend de plus en plus de place dans le marketing touristique au Cameroun ''

Le sourire qui l'accompagne quasi systématiquement sur toutes les photos de lui que l'on peut apercevoir sur le web reflète assurément le caractère sympathique et optimiste du jeune Guy Mouofo, 29 ans, né à Baleng par Bafoussam, département de la Mifi dans la Région de l'Ouest Cameroun.

Un optimisme et une sympathie que ce passionné de photographie qui a fait ses études primaires entre Baleng et à Yaoundé et secondaire entre la capitale du Cameroun (Lycée General Leclerc d) et le Lycée Bilingue de Bamenda Ntamulung transmet à travers ses prises de vue terrestres ou aériennes.

Avec ses parents, il a commencé par entreprendre un business familial de cybercafés dans la ville de Bamenda. En 2013, alors qu'il s'occupait du cybercafé familial situé à Bambili près de l'Université de Bamenda, il poursuivait également au niveau universitaire ses études en vue de l'obtention d'une licence en Marketing.

Cet amoureux fou du Cameroun et particulièrement de sa nature exceptionnelement dotée, nous raconte pourquoi et comment il a décidé à son niveau de contribuer à booster le tourisme dans notre pays.

Vous  et votre frère êtes connus sur les réseaux sociaux pour les extraordinaires photos dont vous abreuvez les camerounais et qui présentent notre pays sous un nouveau jour. Quand et pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans ce travail titanesque qui nous rappelle chaque jour combien la nature a gâté le territoire sur lequel nous vivons?

Guy Mouofo : Singor Tfss est mon frère cadet. Notre décision de nous lancer dans la photographie des coins et autres sites d'attractions que nous parcourons date de 2013, après notre exploit réussi au sommet du mont Cameroun (4,100m d’altitude) en Février 2013. Quelques mois plus tard, avec des camarades à HICM à l'Université de Bamenda, je lance le groupe Let's Go There/Allons Visiter avec objectif de promouvoir auprès de la jeunesse estudiantine la découverte des sites touristiques dont regorge la localité de Bambili. Alors, mes camarades et moi organisons régulièrement des randonnées sur différents circuits, tantôt au lac de Bambili, tantôt au site mythique des pierres géantes juxtaposées de Mushong Muobuh, tantôt les collines de Sabga, tantôt les chutes d'eau de Bambui et autres.

D’où vous vient votre passion pour la photographie, et pourquoi avoir décidé d'investir dans l'achat de drones, qu'est-ce que les drones apportent dans la prise de photos et dans la découverte du pays?

Guy Mouofo : J'ai grandi dans une maison familiale sans TV et mon père avait plutôt choisi de nous mettre un ordinateur à la maison; du coup, ma passion pour les NTICs est née aux alentours de 1999. En 2005, une caméra numérique avait été offerte à ma mère et moi en tant que bon bidouilleur, j'aimais souvent prendre des images pour ensuite monter des diaporamas sur le PC.

En outre depuis 2008, avec le vélo de mon ami Stéphane, je parcourais les artères de la ville de Bamenda et ses environs, en prenant des images un peu partout où j' allais. C'est ainsi que ma passion pour la photographie s'est progressivement développée. En ce qui concerne les drones, c'est le côté récréatif qui m'anime en tout temps. J'aime toujours apprendre, me divertir dans tout ce que je fais. Après avoir regardé les vidéos de CAMAIRDRONEBOY(Junior Chavez) sur YouTube et notre première rencontre chez lui à Yaoundé en Novembre 2015, j'avais été émerveillé par cet appareil volant.

J'ai donc commandé en ligne mon premier drone (Syma X5SW, un jouet de $79USD) que je reçois en Février 2016. Commence alors mon parcours atypique de l’auto-apprentissage au pilotage qui me vaut toutes les moqueries d'autres jeunes du quartier, me jugeant enfantin. Au départ, j'ai adopté les drones pour le côté fun que piloter procure. Ensuite, toujours sous le mentoring de CAMAIRDRONEBOY, j'ai opté pour un drone professionnel, le DJI Phantom 3 Standard qui m'a coûté la fortune de $560USD en Septembre 2016. Ce drone me permet de prendre des images (photo et vidéo) en haute résolution et me donne l'opportunité de faire des images aériennes pour les différents sites touristiques que nous visitons, à faire des prises de vue pour des ranchs et autres complexes touristiques.

Malgré la législation encore inexistante en matière de drones au Cameroun, nous nous efforçons à toujours informer les autorités partout où nous survolons les sites. Les prises de vue aériennes donnent une autre perspective à la photographie, une vue globale d'un site, d'un lieu. Ce qui permet une meilleure appréciation du site.

Vous collaborez avec le jeune Ismaël Essome, créateur des pirogues en bouteilles plastiques? Qu'est-ce qui vous a motivé à travailler avec lui et qu'est-ce que chacun de vous tire de l'engagement de l'autre?

Guy Mouofo : Oui, je collabore avec Ismaël, c'est un jeune très dynamique qui croit en ce qu'il fait. La complémentarité de nos projets de promotion du tourisme nous a très vite unifiés. Nous nous sommes rencontrés à Bamenda en Avril 2017 lors des Jeux Universitaires. Lui il présentaitsa pirogue et moi j'assistais un jeune dans son projet de drone. Alors, Ismaël très admirateur du drone et moi admirateur de son invention de génie. En ce moment, nous travaillons ensemble pour réaliser notre projet de randonnées écotouristiques partout au Cameroun. Qui débutera officiellement en Octobre 2017 à Kribi.

Vous aimez beaucoup la région du Nord-ouest, si l'on en croit la quantité de photographies que vous publiez concernant cette région.

Pouvez-vous nous dire ce que cette région en termes de beauté et d’attraction naturelles ou touristiques a de plus extraordinaire?

Guy Mouofo : Je vis dans la région du Nord-Ouest depuis une dizaine d'année. J'ai déjà parcouru six (06) départements sur les sept (07) que compte la région. La région est unique de par sa riche culture, le motif du pagne distinctif de la région est aujourd'hui représentatif des couleurs du Cameroun. La falaise qui donne accès à Bamenda la capitale de la région en provenance de l'Ouest est splendide et donne une vue panoramique de la cité ABAKWA. Ses chefferies traditionnelles et leurs musées riches en traditions et en arts authentiques.

Les jujus qui animent généralement les danses culturelles sont d'une admiration particulière. Ses collines et montagnes qui culminent à 3011m au Mont Oku, ses lacs et chutes d'eau dont la Menchum présente un potentiel hydraulique important. Les plats et mets traditionnels aux goûts envoûtant, un peuple accueillant et très dynamique. Le Nord-Ouest et Bamenda spécifiquement offre l'un des meilleurs environnements pour une vie paisible comblée de bonheur de par son climat très doux.

 Vous êtes à la tête de plusieurs entreprises spécialisées dans l'aventure touristique. Pouvez-vous nous les présenter et nous expliquer un peu le travail que vous faites dans ce cadre?

Guy Mouofo : Depuis 2013, je fais usage des réseaux sociaux pour communiquer sur nos différentes randonnées. Let's go there/allons visiter est la page facebook officielle de nos activités touristiques. A travers cette vitrine, nous communiquons avec nos followers, nous les informons sur les randonnées passées et futures, nous restons en contact permanent et à leur écoute. Pareil pour la pageBamenda New Wonders qui est spécifiquement liée à la région du Nord-Ouest. La page aerialviews237 est dédiée aux images aériennes. Ça nous permet d’avoir une visibilité et d'entrer en contact avec de potentiels clients. On voit que la photographie prend de plus en plus de place dans la vente ou le marketing touristique à travers le monde, en Afrique et au Cameroun. Si vous deviez conseiller les autorités au gouvernement à Yaoundé ou dans les régions et même les villages par rapport à cet outil pour développer le tourisme, que leur diriez-vous? Je leur proposerai de faire des concours pour la meilleure photographie de sites et de primer le(s) auteur(s).

Enfin, avez-vous des projets d'avenir, à court ou moyen terme pour continuer à contribuer à vendre la destination touristique du Cameroun? A long terme, nous espérons occuper une place importante en matière d'information sur le tourisme au Cameroun et en Afrique et pourquoi pas le monde entier?

Guy Mouofo : A moyen terme, nous travaillons pour couvrir toutes les 10 régions du Cameroun, collecter les informations sur les sites et établir des contacts sûrs avec les guides locaux. A court terme, nous sommes en cours de mise sur pieds de notre site web regroupant toutes les informations collectées et celles encore à collecter, tout en travaillant sur le terrain avec nos différentes offres en balades écotouristiques dans la partie côtière du pays.

Comments

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