Lom-Pangar : Le barrage qui cache des trésors
Près de 500 mille vestiges archéologiques ont déjà été découverts dans le cadre du programme de sauvetage archéologique mené dans le site de construction du barrage.
Il s’agit pour l’essentiel de la céramique, des scories de fer, des objets en pierre, des fragments de pipe et de charbon, de la poterie, etc., dont l’âge relatif irait de la préhistoire jusqu’aux années 1950. Fait exceptionnel, la présence parmi ces objets d’un fourneau de fonte de fer presqu’intact, ainsi que des spécimens de pierres rares appelées « kwe », jusque-là connues en République Démocratique du Congo et en Centrafrique.
Cet important patrimoine culturel a récemment été présenté aux hommes des médias de l’Est à l’occasion d’un voyage de presse organisé par Electricity development corporation (Edc). Collectées pour la première fois au Cameroun, ces objets, remonteraient à l’Age de la pierre récente, soit ± 6000 ans avant Jésus-Christ. Selon Bienvenu Gouem Gouem, chef de mission adjoint du programme de sauvetage archéologique, « ces éléments feront l’objet de datations par des laboratoires spécialisés afin de nous renseigner sur la vie et la civilisation des populations anciennes de la vallée de Lom (Région de l’Est Cameroun), ainsi que sur l’histoire du Cameroun ».
En disposant les plus anciens aux plus récents, il ressort des premières analyses que les premiers hommes à s’installer à Lom-Pangar sont arrivés dans la zone longtemps avant le 15ème siècle. Une période de la préhistoire pendant laquelle ils taillaient des pierres pour fabriquer des outils de la chasse de pêche et de cueillette. Plus tard, il s’est produit comme une révolution dans leur vie avec le développement de l’agriculture et l’élevage.
« Pour obtenir les récipients dont ils avaient besoins, ces ancêtres ont développé la poterie avant la découverte du fer. Un métal qui a également révolutionné leur mode vie. Car grâce à cet acier ils pouvaient fabriquer des machettes, des houes des haches, voir des lances qui leur permettaient de faire la guerre et conquérir de nouvelles espaces » explique notre interlocuteur. Selon nos sources à Edc, le ministère des arts et de la culture et Edc ont signé le 15 novembre 2012 un Mémorandum d’entente (MoU) dans le cadre de la mise en œuvre de la composante « gestion du chantier et sauvetage archéologique du Plan de gestion environnementale et sociale (Pges) » du projet hydroélectrique de Lom Pangar.
Ce «MoU»vise la prospection et l’inventaire des sites et fouilles archéologiques sur le chantier de construction du barrage, conformément aux exigences de sauvegarde sociale et environnementale de la Banque mondiale, l’un des partenaires financiers du projet. Le ministère des arts et de la culture et Edc prendront toutes les mesures nécessaires en vue de la valorisation des découvertes menées dans le cadre de cette collaboration, notamment par l’exposition desdits artéfacts au musée national du Cameroun.